Troisième album pour l'américano-bordelaise Tender Forever, peinture haute en couleurs et en sensations de ces deux dernières années passées à l'autre bout de la planète.
Qui d'entre vous se souvient que le dernier concert de Tender Forever sur notre vieille terre d'Europe remonte à deux ans déjà ? Oui, deux ans que munie de son précieux sésame, elle s'est envolée vers les terres lointaines et parfois trop froides de l'Oregon (Portland). Et force est de constater qu'elle a laissé un vide, que personne ne s'est chargé de combler. Sans doute trop compliqué. Car il faut avoir une sacrée personnalité pour tenir la scène comme elle le fait, seule derrière son petit Mac Book blanc qui sait parfois lui jouer de pendables tours. Exubérante, enthousiaste, jamais à court d'idées, la répartie facile, l'humour fin et un brin cynique... À sauter partout, danser, jouer avec les sons et les images, se nourrir de l'ambiance de la salle, savoir la retourner à temps, lui coller une sérieuse baffe au moment où, déjà repue, elle commence à cligner de l'oeil. Oui, ils ne sont finalement pas nombreux ces artistes-là.
Ce qui fait sans doute qu'on l'aime, qu'on l'adore et qu'il nous tarde. De retrouver tout ça et plus encore : ces bouts de chansons intimes, joyeuses ou mélancoliques, drapées d'electro ou plus simplement acoustiques ; la musique de Tender Forever a toujours su être riche, inventive et sa nouvelle oeuvre ne trahit pas. No Snare, après The Soft and The Hardcore (2006) et Wider (2007), semble s'être habillé des attributs d'une grande. Comme si un bout d'adolescence était parti ; un bout seulement. Peut-être moins espiègle, No Snare gagne en profondeur jusqu'à en devenir hypnotique, voire bouleversant ("Only the Sounds You Made", "Nothing At All", r&b de luxe). A la marque de fabrique Tender Forever (rythmiques syncopées, chant à fleur de peau, richesse des choeurs, intelligence des arrangements) s'est invité un coté tribal ("Like The Snare That's Gone"), sombre et aérien, rappelant parfois les messes noires de Bat For Lashes ou Fever Ray, sincérité et vie en plus. Saupoudré d'hymnes pop ("But The Shape Is Wide", "Got To Let Go"), jonché de ritournelles dépouillées ("Day Number"), No Snare est couronné par un final somptueux ("When I'm In The Dark and You Take The Light", peut-être son meilleur morceau à ce jour), complainte à écouter VU-mètre bloqué dans le rouge. Frissons garantis.
par Tender Forever
Troisième du nom, "No Snare" est un petit bijou d'inventivité. Délicat et grandiose à la fois, il est la suite logique de "The Soft and The Hardcore" (2006) et "Wider" (2007). Plus tribal et R&B (les divas-US-reines-des-charts ont désormais une petite sœur française…), "No Snare" est aussi plus intime. La voix a muri et sait s'entourer de choeurs tantôt disciplinés, tantôt coquins. Mélanie Valera, bordelaise installée à Portland / USA sait soigner nos oreilles.