Mush

Apparu au début des années 90, le quatuor français Mush a compté. Quelle équation ? Les deux guitaristes des Wet Furs + la section rythmique du groupe culte Camera Silens = zéro fioriture, aucune concession, pas davantage de pitié. La frappe est lourde, la basse assénée comme des coups de boutoir, les grattes brûlantes comme un fouet d’orties… Et puis cette voix, éructation d’une colère chargée de menaces.

L’époque voulait qu’on les qualifie de "grunge". Etiquette commode en 1993, trop facilement collée sur toute nouveauté à même de faire vrombir tripes et tympans. Le Bordeaux de Mush était pourtant loin de Seattle. Plus punk, plus bruyant, plus sauvage, plus dangereux… Mush était "plus", résolument "plus".

Soutenu par Vicious Circle (dont il était la 2ème signature), Mush a trimballé son rock surpuissant à travers la France et bientôt une large partie de l’Europe. Dès les premières démos, le groupe a tracé les contours de son monde ouvert. Un peuple de naufragés infréquentables, de serial-killers, de 4x4 meurtriers et de porn-stars mal embouchées. Tout ou presque était déjà là, dans les cinq titres du EP séminal, "Big Gang Bang", réédité cette année dans une version augmentée.

22 ans après, "Big Gang Bang" n’a pas pris une ride : les mélodies savent percer, pour qui sait les entendre derrière le fracas de l’orage sonique. La lumière peut jaillir en étincelles de feu derrière le métal des guitares. L’entêtante ligne de basse de "Henry", la descente dark des guitares de "Zenon", les chœurs et le solo du presque pop "Castaway", le contraste noir et blanc qui précède le déluge rouge-poisseux dans "La Tiédeur du sang"… Ou la jouissance du bien nommé morceau-titre, orgie instrumentale technodance XXL.

La nouvelle édition de "Big Gang Band" ajoute l’incandescence de deux titres live et trois classiques enregistrés dans la foulée, avec la même urgence et un égal appétit d’absolu : "4WD" et son chaos tellurique (extrait d’une compilation de feu le label "Black & Noir" cher aux Thugs), et les deux faces d’un single rarissime, siglé "Uncontrolled Records" : "Pornotracy", collusion coupable entre l’obsession coïtale et l’ultraviolence, et "Machine Gun", cavalcade vers une crédible apocalypse.

"Sévère mais juste", disait-on à l’époque pour définir le style de Mush. Plus de deux décennies après, le constat reste le même. Implacable !

Stéphane C. Jonathan

Big Gang Bang (réédition 2015)

par Mush

SORTIE: 30/01/2015

A l'occasion du furieux concert du 30 janvier 2015 à Bordeaux, Vicious Circle réédite "Big Gang Bang", premier maxi 5 titres des Mush, deuxième référence du label initialement sortie en septembre 1993.

Outre une nouvelle pochette, on y a rajouté 2 titres parus sur Uncontrolled records ainsi que celui paru sur la compil "Enragez-vous" de Black&Noir Records. Et comme on fêtait un live, on a retrouvé 2 titres enregistré en 1994 à Barbey : "Zenon" et le terrible "Henry".

1. Machine Gun Mush 3:12
2. 4WD Mush 3:34
3. Zenon Mush 4:30
4. Castaway Mush 3:40
5. Henry Mush 6:49
6. La Tiédeur du Sang Mush 4:29
7. Pornotracy Mush 3:34
8. Big Gang Bang (version longue) Mush 2:45
9. Zenon (live at Barbey 94) Mush 4:24
10. Henry (live at Barbey 94) Mush 6:52